Ça chauffe en Égypte et l'inquiétude est grande au cœur des administrations étrangères. Pour la seconde fois en un peu plus d'un mois, le gouvernement de transition a remis sa démission au Conseil militaire. Refusée ou pas encore « étudiée ». Voilà une belle prise d'otage ! Précédemment il l'avait remise lors des violences entre musulmans et chrétiens de la communauté copte ayant entraîné la mort d'une bordée de chrétiens.
A quelques jours du scrutin législatif, la place Tahrir, symbole du « renouveau arabe » et de la chute de Moubarak, est une nouvelle fois occupée par les manifestants qui demandent la « passation effective » du pouvoir aux civils, refusant fortement de se laisser endormir par le Conseil suprême des forces armées, une rangée de gradés grabataires, qu'ils accusent d'avoir opéré, sous couvert de« neutralité », un coup d'état militaire. Bilan de ces affrontements : une trentaine de morts et près de 2000 blessés, les chiffres variant selon les sources.
Malgré la peur islamiste qu'on brandit, comme souvent dans les pays arabes quand il s'agit de démocratie, sur la place Tahrir le consensus est grand entre les composantes de ce mouvement de protestation pour qui, de l'islamiste au gauchiste, en passant par les chrétiens, les laïcs ou les libéraux, une seule chose prime : « accélérer la remise effective du pouvoir aux civils ». Certaines personnalités politiques et intellectuelles militant pour une « révision du calendrier politique », souhaitant procéder dans l'ordre suivant : « élection d’une Assemblée constituante, puis d’un président et enfin d’un parlement ».
La revendication de ces manifestants, des jeunes en général : se débarrasser du système Moubarak et de ses héritiers qui ont cru, une fois le chef renversé, pouvoir continuer leurs petites affaires comme auparavant et instaurer la démocratie. Dans ce contexte, la tenue du scrutin prévu dans huit jours semble compromise. Ce qui n'a pas l'air d'arranger les affaires des Frères musulmans, bien préparés physiquement et mentalement. Bien qu'hostiles au pouvoir militaire, ce report les pénalise, car, jugent-ils, ils étaient en « position de force » sous les couleurs du Parti de la Liberté et de la Justice. Du coup, à la dernière minute, ils se désolidarisent du mouvement de la Place Tahrir (lien source image) ajoutant ainsi de la confusion au désordre.
Toute ces violences a de quoi rendre maboule la diplomatie du monde entier, à commencer par lesÉtats-Unis, cette région du Proche-Orient est d'un intérêt stratégique majeur, suivez mon regard. Ils appellent toutes les parties, tenez-vous bien, à la « retenue », se disant préoccupés, mais cependant optimistes quant à la « poursuite d'une transition vers la démocratie à la fois rapide, pacifique, juste et ouverte »...
Qui, de la stratégie ou de la démocratie, l'emportera ?...
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