Un petit tour vers l’histoire. Celle de des années 70 par pur hasard. C’est le moment des coups d’Etats. Argentine, 1976, le général Juan Perón. Indonésie, 1965, le général Suharto. Chili, 11 Septembre 1973, le général Pinochet. Jusque-là, il n’y a guère ressemblance avec notre situation. Non, le tout réside dans la désignation des équipes à la tête des programmes économiques. De fait, les noms sont moins connus. Mais il s’agit bien de désigner dans la hâte des gestionnaires économiques et financiers de l’école libérale pure : les chicago boys. A cette époque, l’oligarchie politique ne pouvait mettre en œuvre de tels programmes de rigueur dans des démocraties. Sans vergogne, elle est allée tester ses plans de rigueur sous les dictatures. De beaux résultats ! Au Chili, l’inflation atteignit 375% en un an, résultat de la « brique » : la politique d’austérité concoctée par cette élite libérale imposée au peuple chilien. En Argentine, les salaires perdirent 40% de leur valeur en moins d’un an. En Indonésie, 100% des richesses naturelles furent vendues aux sociétés étrangères avec exonérations d’impôts temporaires.
Les résultats des plans de rigueur sont dans nos livres d’histoires. Pauvreté, hausse du chômage, pillage de la démocratie. Aujourd’hui, le parallèle semble nous sauter aux yeux. Partout en Europe où le peuple tend à se soulever contre le pouvoir en place et contre les plans d’austérité qui les accompagnent, on jette les gouverneurs à la porte, on tait toute réaction populaire légitime et on en profite pour mettre en place les élèves bien formés du système financier. En Grèce, Lucas Papademos est l’ancien vice-président de la BCE. En Italie, Mario Monti est l’ancien commissaire européen à la concurrence et membre de la Trilatérale. Dans le contexte des traités européens montés de toutes pièces, déjà, à la faveur des intérêts du capital, c’est-à-dire selon des logiques économiques libérales, ces deux portraits rappellent furieusement ceux des chicago boys des années 70. Leurs nominations, quant à elles, n’a rien à se réclamer de plus démocratique. De nouvelles élections auraient été largement possibles. Comme excuses : la folie excessive et si rapide des marchés financiers et l’incrédulité des agences de notations. Ceux-là même qui ont pris tout leur pouvoir dans les articles du TCE, traités de Lisbonne etc. Comme argumentaire : la dette. Ces titres de la dette qui se baladent impunément sur les marchés financiers, qui passent des acteurs privés au secteur public à coup de nationalisations des pertes et qui risquent toute envolée critique de leurs valeurs en cas d’inquiétude des agences de notation. A cause d’elle : « tout le système est en péril » ! L’euro, le risque de faillite des Etats ! Balivernes. Déjà, parce qu’un Etat ne fait pas faillite. Un Etat n’est pas une entreprise soumis au droit commercial. Un Etat a pour rôle de gérer les intérêts de ses citoyens. Un Etat a le devoir de faire primer les droits sociaux en tout état de cause. Le droit international stipule qu’il doit suspendre ses dettes si elles portent atteinte à l’exécution de ses devoirs. Le peuple doit faire pression pour les annuler. Nous n’avons plus d’Etat, nous avons des oligarchies capitalistes au pouvoir qui ne craignent pas de priver les peuples de leur capacité de prendre part aux décisions de la communauté.
L’heure est grave. Sous couvert d’un tissu de mensonges, l’oligarchie capitaliste (qui inclut donc les politiques) se précipite pour installer les pires mesures libérales. Règles d’Or, mesures internationales antisociales, usurpation des élections, pillage financiers par la dette, plans de rigueur : hausse des impôts indirects, sapes dans les dépenses sociales, privatisations, désindexation des revenus sur l’inflation. Des véritables coups de chocs ! Réagissons à la mesure de l’agression. Le pouvoir au peuple. On n’acceptera pas de payer pour les banques. On n’acceptera pas d’abandonner notre héritage démocratique. La réponse est un devoir.
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