Et c’est reparti comme en quarante ! Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) fait état d’un possible développement à usage militaire du programme nucléaire iranien. Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’ire des faucons de l’escalade guerrière, israéliens en premier chef.
Des preuves ? Non, de simples présomptions basées sur des déductions hautement sophistiquées : un mystérieux formateur ayant travaillé pour l’Union soviétique d’antan, des détonateurs de « haute précision »… Bref, à défaut de la bombinette elle-même, une « maîtrise d’étapes essentielles à la mise au point d’une arme nucléaire ».
On notera que le quotidien français Le Monde illustre finement son article explicatif… d’une photo représentant un manifestant pro-régime iranien brûlant un drapeau américain ! Fermez le ban de la propagande.
La montée des périls
Dès le vendredi 4 novembre, le président israélien Shimon Peres n’écartait pas la possibilité d’une intervention militaire préventive de son pays, avec le tacite assentiment des États-Unis d’Amérique et de la Grande-Bretagne.
Le ministre français Juppé, chargé des affaires extérieures, faisait bien valoir qu’une intervention armée serait présentement « totalement déstabilisatrice », mais pondérait la prudence de ses propos par une exigence de sanctions accrues contre le régime de Mahmoud Ahmadinejad.
Coupons court aux vociférations de ceux qui n’attendront probablement pas la lecture de ce paragraphe pour poster leurs commentaires courroucés : non, nous ne tomberons pas dans un angélisme béat concernant les intentions du régime iranien. Si celui-ci avait l’intention de cogner, nul doute qu’il le ferait. Et sans pitié.
Mais ce serait aussi faire fi de son intelligence stratégique de survie : attaquer le premier avec de telles munitions vaudrait probablement à son pays d’être instantanément rayé de la carte.
Prétextes fallacieux
Guerre préventive, clament les faucons à propos d’une intervention présentée comme de plus en plus probable. De tout temps, les agresseurs se sont toujours posés en état de légitime défense. Qui ne se rappelle le prétexte de la guerre d’Irak ? Là encore, la présence d’armes de destructions massives qu’il fallait préventivement détruire, mais que personne ne découvrit jamais.
Admettre le principe de ces guerres pseudo préventives, c’est d’ores et déjà avoir entériné l’idée d’une nouvelle contamination meurtrière mondialisée.
Aujourd’hui, c’est bien un empire occidental aux abois (avec Israël en tête de pont) qui se trouve entraîné dans une fuite en avant meurtrière : Irak, Afghanistan, Liban, Gaza, Libye… Et maintenant l’Iran.
La Chine et la Russie font encore écran. Mais pour combien de temps ? Et surtout, dans quel camp ? On aurait tort de présager de leurs orientations futures. La plongée dans l’univers de l’irrationnel et du pulsionnel pulvérise les anticipations de la raison.
Une conclusion logique à la “Grande perdition”
Ce serait un non-sens que d’isoler cette dangereuse montée des périls guerriers des multiples facettes de la crise dite de “la Grande perdition” : crise financière internationale, chaos social galopant, perte des repères culturels, débâcle civilisationnelle.
La guerre ne fut-elle pas, de tout temps, une échappatoire meurtrière commode à ces inflammations historiques ?
Au-delà de la plongée irraisonnée dans l’irrationnel, plus aucun frein pour enrayer les déferlements de la sauvagerie. Peuples tétanisés par la peur et le désarroi cédant aux replis régressifs dégénératifs (tea-partysme illuminé héritier du bushisme, sarkozysme, berlusconisme…), élites déboussolées se vouant à une dénégation fiévreuse de réalités qui les dépassent.
Dans un premier temps, les quelques “indignés” dénonçant l’infernal engrenage verront leurs arguments dénigrés et raillés au prétexte d’un catastrophisme morbide (jouissif, forcément jouissif). Puis viendront les accusations plus graves, toutes nuances éradiquées : si t’es pas avec nous, t’es contre nous, traître, renégat à ton camp !
Pourtant, c’est de ces quelques “indignés” et uniquement d’eux que peut aujourd’hui surgir la lumière. Je dis “quelques”, non par dérision, mais parce qu’ils sont vraiment minoritaires dans cette tourmente. Cependant, le nombre n’a-t-il pas désormais cessé d’être un critère de qualité ?
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