lundi 14 novembre 2011

quand Claude Guéant veut "protéger" les étudiants étrangers pour mieux les expulser

403.000 francs CFA pour étudier en france

Depuis le 6 septembre un décret de Claude Guéant demande aux étudiants étrangers d'avoir tous les mois + 615 euros sur leur compte en banque sinon c'est l'expulsion. L'argument du ministère: « Ça améliore leur chance de réussite ». Ah bon ?




Les gendarmes et les étudiants-étrangers

StreetPress t’avait parlé de « la circulaire Guéant » qui depuis le 31 mai 2011 rend plus difficile l’accès à l’emploi pour les étudiants étrangers formés en France. Découvre aujourd’hui le décret du 6 septembre qui relève les exigences financières pour qu’un étranger obtienne un titre de séjour étudiant en France.


185 EUROS EN PLUS Depuis le 6 septembre et la parution au Journal Officiel du décret n° 2011-1049 les étudiants étrangers doivent pouvoir justifier pendant la durée de leur séjour de 615 euros ou plus sur leur compte en banque pour obtenir un titre de séjour.


Extrait de l’article R313-7 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile modifié par le décret:

« L’étranger qui demande la carte de séjour portant la mention “étudiant” doit présenter la justification de moyen d’existence correspondant au moins au montant de l’allocation d’entretien mensuelle de base versée, au titre de l’année universitaire écoulée, aux boursiers du Gouvernement français. "

Une « allocation d’entretien de base » dont le montant est de 615 euros. Soit une augmentation de 40% par rapport aux 430 euros qui leur étaient demandés depuis 2007 (à l’époque « 70 % au moins du montant de l’allocation d’entretien »).

ALLO MAMAN BOBO
« C’est effrayant ! Surtout quand ça se greffe à d’autres mesures », se lamente Taro étudiant nigérian de 25 ans. En France depuis 2005 où il est en Master 2 de sociologie à Strasbourg, l’étudiant se demande où il va pouvoir bien trouver l’argent. Car papa et maman, retraités au bled, risquent d’avoir du mal à allonger les billets, d’autant plus que les 4 autres enfants sont aussi à l’université:

« Ça impliquerait pour eux de se priver de manière drastique. C’est se couper une jambe pour leur enfant. » 

LES AFRICAINS DEHORS Joint par StreetPress, le cabinet de Claude Guéant justifie le décret pris par le ministre de l’Intérieur:

« Il s’agit de protéger les étudiants étrangers en leur demandant des meilleures conditions de ressources. Ça améliore leur chance de réussite. »

Si l’argument du gouvernement est imparable – un étudiant avec de l’argent pourra mieux se concentrer sur ses études – Baki Youssouphou, le leader de la Confédération Etudiante est exaspéré:

« Combien il y a de familles capables de payer cette somme en Afrique subsaharienne ? »

Il rappelle que la même somme est demandée à tous les étudiants étrangers qu’ils soient Japonais ou Maliens. « On est en train de faire de la reproduction sociale hors de France. On adapte le système aux gens riches!»

Youssouphou ajoute qu’en France « le plus haut niveau des bourses sur critères sociaux s’élève à 460 euros par mois. Pourquoi un étudiant étranger devrait-il justifier de plus de moyens qu’un étudiant français si ce n’est pour le dissuader de venir étudier en France ? »

Le cabinet de Claude Guéant ne cache pas ses arrières pensées derrière l’argument de « la réussite » des étudiants étrangers:

« Ça n’a pas été présenté comme un décret pour lutter contre l’immigration mais oui ça fait aussi partie de cette politique. »

« BOUCAN GUÉANT » Jeudi 10 novembre la Confédération étudiante organise plusieurs manifestations dans les grandes villes étudiantes. « Il y a quand même 280.000 étudiants étrangers hors Union Européenne en France » explique son leader qui croit que la mobilisation peut prendre.

Depuis le 1er Novembre le syndicat fait circuler une pétition pour demander le retrait du décret ainsi que de la circulaire Guéant. 20.000 personnes l’ont signée, dont Taro qui a toujours voulu étudier en France :

« C’est quoi avoir un rêve et y renoncer parce que les gens ont décidé de l’enlever ? »

Le jeune homme du Niger n’a toujours pas reçu la lettre de la préfecture qui doit lui demander entre 185 et 340 euros ou de quitter le territoire. Mais l’équipe de Claude Guéant de rappeler que le décret est « entré en vigueur le lendemain de sa publication ».





Baki Youssoufou chez StreetPress



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