«Quand le FN est à 25%, les responsables de l'UMP parlent comme le FN», dit Marine Le Pen. Pendant ce quinquennat, l'UMP a couru après le Front national, quand elle ne l'a pas carrément devancé sur certaines propositions. Les deux partis se marchent dessus sur de nombreux sujets. Au sein de l'UMP, certains ont dénoncé avec force cette «lepénisation» de la majorité (ici, là ouencore là et ici). Les incriminés s'en défendent. Alors prenons les mots. Les déclarations officielles à la tribune comme les répliques à l'emporte-pièce. Les propositions de loi comme les réponses du tac au tac dans les médias.
Aujourd'hui, l'extrême-droitisation n'est plus le seul fait d'une minorité rangée sous l'étiquette «Droite Populaire». Elle touche le sommet de l'Etat, certains ministres, des élus de tous les échelons. Elle ne se concentre plus sur le thème de l'immigration, elle déteint sur la vision du social, de la religion, des banlieues, de l'islam, de la famille, de la nation (lire aussi notre onglet "Prolonger"). Mediapart a épluché cinq ans de mots et de mesures à la droite de l'échiquier politique. Sur de nombreux sujets, le résultat se superpose étrangement.
«L'assistanat», «cancer de la société»
9 mai 2011. Suivant à la lettre les préconisations faites un mois plus tôt par Patrick Buisson, le très influent conseiller de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez lance la chasse à «l'assistanat», qu'il qualifie de «cancer de la société». «J'ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas», se justifie le ministre dans un entretien au Progrès. Une expression qui reprend le slogan de Jean-Marie Le Pen dans les années 1980, lorsqu'il se présentait comme celui qui «disait tout haut».
9 mai 2011. Suivant à la lettre les préconisations faites un mois plus tôt par Patrick Buisson, le très influent conseiller de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez lance la chasse à «l'assistanat», qu'il qualifie de «cancer de la société». «J'ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas», se justifie le ministre dans un entretien au Progrès. Une expression qui reprend le slogan de Jean-Marie Le Pen dans les années 1980, lorsqu'il se présentait comme celui qui «disait tout haut».
A l'UMP comme au FN, on prétend que la fraude aux prestations sociales a «explosé». Le 15 novembre, à Bordeaux, Nicolas Sarkozy fait de la lutte contre la fraude sociale l'un de ses axes de campagne pour 2012. La fraude, «c'est la trahison nationale», le «vol», répète le président, mais aussi les ténors de l'UMP. «Fraudeurs» «voleurs», dit le ministre du travail: «ils prennent tout simplement dans la poche des autres».
La veille, Marine Le Pen avait elle aussi ciblé «la fraude sociale». Elle ne parle pas de «cancer» mais plutôt de «poison de la société». Et reprend à son compte les mots du député UMP Dominique Tian, auteur d'un rapport sur le sujet: «En juin un rapport parlementaire a estimé son coût à 20 milliards d'euros par an soit 44 fois plus que la fraude détectée.» La Droite populaire, le collectif à la droite de l'UMP, propose de créer une «carte de sécurité sociale sécurisée», quand le FN souhaite une «carte Vitale biométrique». Le sujet est pratique, il permet de désigner (sans le dire) les étrangers comme responsables des déficits des comptes sociaux.
«Les profiteurs du haut et les profiteurs du bas»
7 août 2011. Thierry Mariani, ministre des transports et chef de file de la Droite populaire, puis Laurent Wauquiez (fondateur de la Droite sociale) proposent une série de mesures pour «lutter contre les profiteurs du haut et les profiteurs du bas». Cette formule, rabâchée ici et là, est souvent prononcée par Marine Le Pen. Elle s'en prend aux «patrons voyous» «aux supers-profits du CAC 40»(exemple dans cette vidéo), l'UMP tape sur les puissants (suppression des stock-options, taxe des hauts revenus financiers, encadrement des augmentations de salaires des dirigeants qui suppriment des emplois). Elle prône «la politique de tolérance zéro contre les fraudeurs», ils prônent la création d'un fichier des allocataires sociaux.
«Les racailles» et les «voyous» des «cités»
Les «signes extérieurs de richesse des voyous»
24 novembre 2009. «On va changer les règles sur les signes extérieurs de richesse et de train de vie. Nous allons cibler un certain nombre de cités où il y a du trafic de drogue», annonce Sarkozy, en visite en Seine-Saint-Denis. Un mois avant, le député UMP Alfred Trassy-Paillogues s'en prend lui aux gens du voyage qui «débarquent en faisant fi de toutes les règles», «bénéficient assez souvent d'aide sociale de notre pays» et roulent «dans des Porsche». Marine Le Pen veut elle aussi s'attaquer aux «signes extérieurs de richesse des voyous de banlieue», à ces «dealers qui se baladent avec des grosses voitures tout en touchant le RSA».
Les «racailles» et les «zones de non-droit»
14 avril 2007. «J'ai bien l'intention de continuer à appeler un voyou, un voyou, une racaille, une racaille. Ce n'est pas un mot qui est insultant, ce qui est insultant, c'est de se comporter comme un voyou», dit le candidat Sarkozy à Meaux, peu avant son élection. Son «nettoyer au Kärcher la cité» et «débarrasser de la racaille» de 2005, il les assume. «Voyous», «gangs», «bandes»,«racailles», «gros caïds», «petits dealers», «zones de non-droit»,«lutte sans merci». Ces expressions ponctuent son quinquennat quand il s'agit de parler de banlieues. C'est aussi le champ lexical employé par le FN: «La France est livrée aux racailles, aux casseurs, aux bandes armées», dénonce la patronne du FN.
«Homosexualité» et «polygamie»
25 mai 2001. A l'Assemblée, la députée et maire UMP de Montauban, Brigitte Barèges,monte au créneaucontre le mariage homosexuel: «Et pourquoi pas des unions avec des animaux ? Ou la polygamie ?». «Pourquoi pas la polygamie», c'est précisément la remarque de Marine Le Pen le 14 juin dernier, sur France Inter (ci-contre). Le FN comme l'UMP sont opposés au mariage homosexuel. Avec les mêmes arguments («Le mariage s'effectue entre un homme et une femme») et les mêmes remarques homophobes. Le parti présidentiel va même plus loin (lire notre article). Le député Jacques Myard compare l'homosexualité à la zoophilie et l'assimile à une «perversion sexuelle». Son collègue Christian Vanneste la qualifie d'«inférieure».
«Contrôler» le rap «issu de l'immigration»
27 juillet 2011. Le député UMP Michel Raison propose de «contrôler la diffusion de certaines œuvres musicales» écrites par des groupes «issus de l'immigration». Une idée dans la veine de la proposition de la Droite populaire: «pénaliser» les «outrages et insultes à la nation française et au fait d'être français». Dans le viseur notamment, «ces rappeurs qui crient des "nique la France" et ne sont pas condamnés».
«Apéros saucisson-pinard»
14 juillet 2011. La Droite populaire organise à l'Assemblée nationale un «apéritif saucisson-vin rouge pour fêter dignement la fête nationale». Une initiative qui rappelle les «apéros saucisson-pinard» organisés par l'extrême droite pour provoquer la communauté musulmane et en particulier les prières de rue. L'interdiction de l'un de ces apéros avait été défendue par Marine Le Pen. Avec les mêmes arguments: l'Etat cède à toutes les exigences «communautaristes».
«Le mépris des élites»
29 mars 2011. Dans Paris-Match, Patrick Buisson, le conseiller de l'ombre de Sarkozy, dénonce «le mépris» «sidérant» de«la classe dirigeante»et la «prolophobie» de«nos élites». Cet ancien de Minute, à l'origine de la stratégie de siphonnage des voix frontistes, emploie les mêmes termes que le FN. Combien de fois les Le Pen ont-ils fustigé le «mépris» et «l'arrogance» de la «caste» dirigeante pour le«peuple»? «Chez une certaine élite, il y a un mépris pour ceux qui ne sont pas puissants», dit la patronne du FN (vidéo ci-dessus et interpellation de Copé ici).
14 juillet 2011. La Droite populaire organise à l'Assemblée nationale un «apéritif saucisson-vin rouge pour fêter dignement la fête nationale». Une initiative qui rappelle les «apéros saucisson-pinard» organisés par l'extrême droite pour provoquer la communauté musulmane et en particulier les prières de rue. L'interdiction de l'un de ces apéros avait été défendue par Marine Le Pen. Avec les mêmes arguments: l'Etat cède à toutes les exigences «communautaristes».
«Le mépris des élites»
«La pensée du système»
17 novembre 2011. Invité de «Des paroles et des actes», l'émission politique de France 2, Jean-François Copé multiplie les attaques au «système»: «la pensée du système», «le système parisien», loin du «terrain». Le clin d'oeil est appuyé. Le FN s'est toujours présenté comme le parti anti-système, dénonçant«l'establishment» et un «système cadenassé».
Le «racket» des automobilistes
11 mai 2011. Le gouvernement souhaite supprimer les panneaux avertisseurs et requalifier certaines infractions dans une classe de contravention supérieure. «Pièges», «racket», s'insurgent des parlementaires UMP en interpellant vivement François Fillon en réunion de groupe et dans une lettre co-signée. Un «racket»,dénonce aussi Marine Le Pen, qui y voit «une double peine appliquée aux automobilistes».
«La délinquance a des liens avec l'immigration»
5 août 2010. «La délinquance, chacun sait qu'il y a des liens avec l'immigration. Chacun le sait. C'est souvent pas correct de le dire, mais c'est une réalité que chacun connaît», lâche Frédéric Lefebvre sur Europe-1. Le porte-parole de l'UMP ne fait que reprendre les propos de Nicolas Sarkozy qui établissait, dans son discours de Grenoble, un lien entre la délinquance et «cinquante années d'immigration insuffisamment régulée». Le premier à établir ce lien fut le FN. «90% des faits divers ont à leur origine soit un immigré soit une personne d'origine immigrée», redisait Jean-Marie Le Pen en août 2009.
Expulser les «Roms»
5 août 2010. Nicolas Sarkozy vient de «demand(er) de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms». Une circulaire du ministère de l'intérieur rappelle aux préfets les«objectifs précis» fixés par le président: «300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d'ici trois mois, en priorité ceux des Roms.» Jean-Marie Le Pen applaudit: «Nous sommes évidemment favorables à ces reconduites à la frontière (...) Il est nécessaire de faire partir ces Roms d'Europe centrale mais il serait tellement mieux qu'ils ne soient pas venus.» «L'Etat doit appliquer la loi à tous les camps illégaux» qu'ils soient«roms», «afghans» ou «yougoslaves», dit sa fille (vidéo ici).
Les «Roumains délinquants»
12 septembre 2011. «La présence de Roumains délinquants dans notre pays est quelque chose de préoccupant. (...) 2% de la délinquance en France sont le fait de Roumains», il faut«combattre» cette «réalité», déclare Guéant en annonçant le rapatriement des mineurs dans leur pays. Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN et proche de Marine Le Pen, s'était, elle, retrouvée devant le tribunal correctionnel de Paris après avoir déclaré en 2008 que les gens du voyage étaient «pour la grande majorité» des «clandestins» et des «délinquants».
«Que la France reste la France»
Deux catégories de Français
30 juillet 2010. C'est la marque de fabrique du FN. Pourtant, dans son discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy distingue «les Français d'origine étrangère» du reste de la Nation, en proposant de«retirer» la nationalité française «à toute personne d'origine étrangère» qui porterait «atteinte à la vie d'une personne dépositaire de l'autorité publique». Il reculera plus tard, suscitantla colère de la droite. Eric Besson avait lui estimé en décembre 2009 qu'il y avait des Français plus français que d'autres en revendiquant «une hiérarchie entre les appartenances».
Préférence nationale
25 octobre 2011. Le député de la Droite populaire Philippe Meunier propose de réserver l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) aux «Français, européens et ressortissants étrangers ayant combattu pour la France». Un amendementcosigné par 67 députés UMP – bien au-delà de la seule Droite populaire, donc –, et qui s'inspire de la «préférence nationale»prônée par le FN depuis des années. «La solidarité nationale doit être réservée aux nationaux», répète Marine Le Pen.
«La carte d'identité» n'est pas «une carte bleue»
9 novembre 2011. «La carte nationale d'identité n'est pas la carte Orange», écrivait Jean-Marie Le Pen, alors député (1986-1988), dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n° 82 «tendant à modifier le code de la nationalité française». «La carte d'identité, elle n'est souvent que la carte bancaire, voire la carte Vitale pour certains», a dit le député UMP Lionnel Luca. Son parti vient de ressortir la (très controversée) loi Pasqua de 1993 en proposant que les enfants nés en France de parents étrangers fassent, à 18 ans, une demande expresse pour acquérir la nationalité (la démarche est actuellement automatique s'ils vivent ou ont vécu en France pendant cinq ans depuis leurs 11 ans). En matière de nationalité, l'UMP s'est largement aventurée sur les terres du FN, avec les mêmes arguments. La nationalité n'est pas «une situation administrative», elle «se mérite», c'est «une fierté», un«attachement à la nation», qu'on obtient pas comme «un baril de lessive».
La remise en cause du droit du sol
29 septembre 2010. Le «gros rouge qui tache» voulu par Sarkozy a laissé des traces. Ce jour-là, à l'Assemblée, des députés UMP proposent des amendements remettant en cause le droit du sol à Mayotte et en Guyane. Marine Le Pen instrumentalise elle aussi la situation à Mayotte pour demander «la suppression du droit du sol»: Mayotte, une «folie», «notre Lampedusa à nous», répète-t-elle, prévoyant «un flux d'immigration massive en provenance des Comores» sur le continent français. Thierry Mariani est favorable à cette remise en cause «à titre personnel» et le redit sans nuance à Mediapart en juillet 2011.
«Supprimer la double nationalité»
29 septembre 2010. L'amendement est passé inaperçu. Un groupe de députés emmené par Lionnel Luca vient de proposer desupprimer la double nationalité. Précisément ce que réclame le FN de longue date. En juin 2011, le député Claude Goasguen remet le couvert: dans un rapport sur le droit de la nationalité, il propose de limiter le nombre de doubles nationalités. Il ne se prive pas de citer explicitement Marine Le Pen en prétendant, comme elle, «qu'il y a 5 millions d'Algériens binationaux en France». Résultat, FN et Droite populaire s'écharpent pour réclamer la paternité de cette idée, comme Mediapart l'a raconté ici.
«Pétition contre le droit de vote des étrangers»
Les pétitions de la Droite Populaire et du FN. |
9 novembre 2011. Le droit de vote des étrangers aux élections locales, «c'est contraire à nos valeurs», a dit Marc-Philippe Daubresse, le secrétaire général adjoint (pourtant centriste) de l'UMP, annonçant une grande campagne de mobilisation du parti sur le sujet. C'est un vieux cheval de bataille du FN que tente de récupérer l'UMP. Le 19 octobre, la Droite populaire lance une pétition sur son site, une semaine après le FN dénonce une «imposture» et dégaine sa propre pétition.
17 mars 2011. «Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale», explique ce jour-là Claude Guéant (vidéo à 7'). Marine Le Pen applaudit et lui offre «une carte d'adhérent de prestige», elle qui évoque constamment «le sentiment que l'on se sent dépossédé de notre pays» (voir notre vidéo).
Dérapage du ministre? Non, une variante de son entretien de la veille dans Le Monde: les Français «veulent que la France reste la France» et «que les nouveaux arrivés adoptent le mode de vie qui est le leur, ils veulent que leur mode de vie soit respecté». Ces phrases, il les répétera le 3 juillet, le 22 octobre, le 17 novembre.
Ces propos sont aussi la déclinaison de ces dizaines et dizaines de phrases lâchées par des élus UMP décomplexés, que l'on avait entendues lors du débat sur l'identité nationale en 2009, en amont de celui sur l'islam, à la convention sur l'immigration de l'UMP en juillet 2011. Ce maire de Gussainville (Meuse) qui pense qu'«il est temps qu'on réagisse, parce qu'on va se faire bouffer» car «y'en a déjà dix millions (d'immigrés), dix millions que l'on paye à rien foutre». Ce député de Seine-Maritime, qui explique qu'ils (les gens du voyage) «nous envahissent assez régulièrement de manière brutale à 20, 30, 40 ou 50 caravanes» et «débarquent en faisant fi de toutes les règles». La thématique de «l'invasion», un classique de l'extrême droite (que Mediapart avait décryptée ici), illustrée par le célèbre slogan «la France aux Français».
«L'accroissement des musulmans pose problème»
«L'accroissement des musulmans pose problème»
4 avril 2011. La veille du «débat» de l'UMP sur l'islam, lors d'un déplacement à Nantes, Claude Guéant lâche: «Il y avait très peu de musulmans en France. Aujourd'hui, on estime qu'il y a à peu près 5 ou 6 millions de musulmans en France. C'est vrai que l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion, un certain nombre de comportements, posent problème.» Le même discours que l'extrême droite qui dénonce «l'islamisation de la France».«On est en train d'adapter la France à l'immigration massive musulmane», estime Marine Le Pen (vidéo ici).
En décembre 2010, elle compare «les prières de rue» de musulmans à «l'Occupation». Claude Guéant répète lui que «la prière dans la rue doit cesser», «car elle heurte la sensibilité de nombre de nos compatriotes, choqués par l'occupation de l'espace public par une pratique religieuse».
Le ministre de l'intérieur décline au sommet de l'Etat un racisme ordinaire diffusé par certains ministres et élus. Brice Hortefeux et son tristement célèbre«Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes» lancé en référence à l'origine arabe d'un jeune militant (septembre 2009). Brice Hortefeux encore, à propos de Fadela Amara: «C'est une compatriote. Comme ce n'est pas forcément évident, je le précise»(janvier 2009). Nadine Morano à propos “du” jeune musulman:«Ce que je veux, c'est qu'il travaille, qu'il ne parle pas verlan et qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers» (décembre 2009).
«Pas de signes religieux» dans les hôpitaux
24 mars 2011. Sur l'hôpital et les signes religieux, Guéant embarrasse jusque dans son propre camp. «Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne (le) doivent pas non plus», déclare-t-il, enrichissant la charte de la laïcité (qui régit la gestion de cette question à l'hôpital) d'une disposition qu'elle ne contient pas. Marine Le Pen rappelle que le FN dénonce «depuis des années les atteintes à la laïcité dans les hôpitaux et à l'école».
Interdire les «drapeaux» lors des mariages
9 décembre 2009. Une proposition de loi UMP veut interdire les drapeaux ou signes étrangers lors des cérémonies de mariage. L'ex-FN Jacques Bompard, maire (MPF) d'Orange, n'a pas attendu la loi: il a interdit les drapeaux étrangers dans les locaux de la mairie et à ses «abords immédiats» le 1er décembre.
Les restaurants halal, «dérive communautariste»
15 février 2010.Marine Le Pen lancela polémique sur les menus halal de Quick, suivie par des députés UMP essentiellement issus de la Droite populaire. Avec les mêmes mots:«inadmissible»,«inacceptable», «dérive communautariste», «contraire à la laïcité»; «imposer le halal sans possibilité de choix n'est pas acceptable», «Nous ne sommes pas dans un pays musulman».
«Expulser» les maris de femmes portant le niqab
12 novembre 2009. «La France est un pays où il n'y a pas de place pour la burqa», déclare Nicolas Sarkozy. Jean-François Copé embraye et fait de l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics sa priorité. Marine Le Pen souhaite elle «interdire le voile partout» et avance les mêmes arguments: il va «à l'encontre de nos valeurs» et «de notre principe de laïcité».
Mais l'offensive anti-burqa lancée par l'UMP ouvre la voie à tous les excès. Une conductrice portant un niqab au volant est verbalisée (le PV sera annulé). Hortefeux demande que son mari – marié à plusieurs femmes qui portent le niqab – soit déchu de sa nationalité française. La présidente du FN est dans la même veine: elle veut«expulser» les maris «qui forceraient (leur) femme à porter un voile intégral».
«S'assimiler, c'est épouser notre culture»
«Remettons-les dans les bateaux!»
8 mars 2011. La députée et ancienne porte-parole de l'UMP, Chantal Brunel, suggère de«remettre dans les bateaux» les immigrés«qui viendraient de la Méditerranée» (vidéo ci-contre). Une semaine plus tôt (voir la vidéo), Marine Le Pen proposait elle aussi de «repousser» les bateaux de «migrants qui voudraient entrer en Europe».
Lors des révolutions arabes, Claude Guéant explique (à propos des Tunisiens débarqués à Lampedusa) que Paris ne veut pas «subir une vague d'immigration» et met en garde (en réaction au chaos en Libye) contre «une immigration non contrôlée». «Les personnes qui se présenteront en France en situation irrégulière seront refoulées», menace-t-il, feignant d'oublier que les personnes fuyant des violences ont le droit de demander le statut de réfugié. Etrange parallèle, la patronne du FN n'a eu de cesse de dénoncer un «risque de déferlante» d'immigrés en Europe. Elle s'est même rendue sur l'île de Lampedusa pour fustiger «ces centaines de milliers de migrants qui pourraient tenter leur chance en Union européenne»(vidéo ici).
«Réduire» l'immigration légale
8 avril 2011. Guéant demande que l'on «réduise le nombre de personnes admises au titre de l'immigration du travail». Jamais le chef de l'État, y compris quand il était ministre de l'intérieur, ne s'était prononcé pour une baisse de l'immigration légale. Outre le changement d'axe, la formulation est particulière puisqu'elle suppose l'existence de quotas, alors que les entrées d'étrangers sont censées reposer sur des critères valables pour tous sans plafond. Il se rapproche ainsi du FN, qui pense que «nous n'avons pas besoin d'immigration de travail» et demande «l'arrêt de l'immigration légale».
Course au record «historique» d'expulsions de clandestins
8 août 2011. Guéant décide de «remonter» l'objectif de 28.000 reconduites d'étrangers en situation irrégulière «à 30.000» pour atteindre le «meilleur résultat historiquement enregistré» par la France. Une manière de défendre sa «vision de la France de demain». Un mois plus tôt, l'UMP a proposé une série de mesurespour renforcer la politique de contrôle de l'immigration illégale en vue de 2012. Une surenchère par rapport à Marine Le Pen, qui réclame de son côté «l'expulsion immédiate des clandestins» et«l'immigration zéro».
L'«assimilation» des immigrés
10 mai 2011. Guéant refuse la naturalisation d'un Algérien pour «défaut d'assimilation». Le mot est lâché. Il est aussi utilisé par François Fillon le 11 décembre 2010 lors d'un conseil national de l'UMP, et développé par le conseiller spécial de Sarkozy, Henri Guaino (ici et là).
Le 3 juillet, le ministre de l'intérieur «persiste et signe». Les immigrés «doivent se fondre dans un destin collectif»:«l'apprentissage de la langue française, de l'histoire de France, des règles du vivre ensemble qui sont les nôtres et plus largement de tout ce qui fait notre identité». «S'assimiler, c'est aller plus loin, c'est épouser notre culture, c'est participer pleinement aux formes essentielles de la vie sociale et culturelle française.»
Les «sans-papiers» ni «propres» ni «honnêtes»
27 novembre 2007.Interrogé sur M6 sur le fait de savoir s'il y aura «toujours des sans-papiers sur le territoire français», Hortefeux répond:«Ben, si vous rêvez d'une société idéale dans laquelle il n'y aurait que des citoyens honnêtes, propres (...), la vérité, c'est que c'est un combat permanent.»
Des «tests ADN» pour les immigrés
13 septembre 2007. Avec le soutien de l'Elysée, le député Thierry Mariani propose la mise en place de tests ADN pour les candidats au regroupement familial. Un «amendement très intéressant» selon Brice Hortefeux. Une «dérive front-nationalisante» pour le PS. L'UMP le vote, Besson l'enterrera deux ans plus tard.
«Il faut garder notre électorat de droite et récupérer ceux qui vont un peu à l'extrême droite», expliquait à Mediapart la députée européenne et adjointe (UMP) au maire de Marseille, Dominique Vlasto. «La campagne (de 2012) se fera à droite», a promis la Droite populaire. A droite toute.
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